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Contribution et solidarité : la communauté portugaise dans le secteur de la construction à Genève
Darica Egorova
Statistiquement, une part significative des emplois dans l’industrie de la construction et du bâtiment en Suisse est occupée par des travailleurs étrangers. À Genève, plus de 40 % des résidents ne disposent pas du passeport rouge à croix blanche, et la communauté portugaise constitue environ 17 % de cette population, soit près de 35’000 personnes. Bien que leur présence soit évidente sur les chantiers, leur histoire et leur implication dans ce secteur restent trop souvent méconnus.
La contribution de la communauté portugaise au développement économique du canton est indiscutable, représentant une part significative de la main-d’œuvre étrangère. Dans le secteur de la construction, notamment dans des domaines tels que l’échafaudage, les Portugais se distinguent particulièrement. Selon les données de la Société Suisse des Entrepreneurs (SSE) de 2016, les Suisses composent environ 35 % des effectifs sur les chantiers, tandis que les Portugais suivent de près, représentant 31 % des travailleurs, ce qui marque une nette augmentation par rapport aux 22 % enregistrés en 2007.
Cette tendance souligne l’accroissement de la main-d’œuvre étrangère, qui constitue aujourd’hui environ deux tiers du personnel régulier dans les principaux domaines de la construction, les Portugais étant le groupe le plus important. À ces chiffres, il faut ajouter un nombre considérable de personnes de descendance portugaise possédant la nationalité suisse, difficilement quantifiable mais substantiel.
Une question de valeurs
La communauté portugaise est reconnue pour son éthique de travail rigoureuse, un trait qui ressort clairement dans ses contributions au secteur de la construction. Cesario Monteiro, employé chez ECHAMI depuis deux décennies, témoigne de cette détermination : « Nous sommes une communauté qui travaille dur, et ECHAMI reconnaît nos efforts. Nous sommes fidèles et dignes de confiance », déclare-t-il. Son parcours, passant d’ouvrier à contremaître, illustre l’avancement possible grâce à un engagement constant.
Le métier d’échafaudeur, complexe et exigeant, confronte les ouvriers à des conditions difficiles, souvent exacerbées par les éléments naturels. Le contremaître précise : « C’est un travail très physique, exposé au vent, à la pluie, à la neige et au froid. Nous faisons face à ces défis sans jamais nous plaindre. » Ces qualités de résilience sont hautement appréciées en Suisse, où la communauté portugaise est perçue comme humble, travailleuse, unie et centrée sur la famille — des valeurs également partagées par ECHAMI, fière des relations solides tissées au fil des ans. Cette synergie a alimenté une collaboration fructueuse entre l’entreprise et la communauté.
Cependant, la relation entre ECHAMI et la communauté portugaise dépasse le cadre professionnel. Comme le souligne Cesario Monteiro, cette relation est caractérisée par une solidarité profonde et un partage constant : « nous sommes très unis, comme une famille ; ensemble, nous visons toujours plus haut ». ECHAMI s’efforce de renforcer cette union par des événements et des célébrations locales (tels le Dia de Portugal, de Camões e das Comunidades Portuguesas ou la fête de São João organisés par Rádio Arremesso), reconnaissant l’engagement continu de cette communauté et contribuant ainsi à la cohésion du groupe.
La Suisse, un Eldorado ?
Il convient de souligner que l’importante présence de la communauté portugaise en Suisse est le résultat de deux principales vagues d’immigration, dans les années 1980 et 2000. En quête de nouvelles opportunités, ces immigrants ont trouvé en Suisse, alors en manque de main-d’œuvre qualifiée, un terrain propice à leur épanouissement professionnel. L’arrivée de cette main-d’œuvre sérieuse et dynamique a ainsi contribué de manière significative à l’économie locale.
Aujourd’hui, la majorité des employés de ECHAMI sont d’origine portugaise, reflétant une intégration profonde et mutuellement bénéfique. Toutefois, l’entreprise est confrontée à un défi majeur : renouveler sa main-d’œuvre tout en préservant l’expertise accumulée. ECHAMI mise sur la solidité de ses relations historiques avec la communauté portugaise pour relever ce défi. À cet effet, elle prévoit de renforcer son programme de formation pour les apprentis dès 2025, afin de soutenir les futurs échafaudeurs dans leur parcours professionnel.